Mars 2025

Mensuel pratique et interactif de l’optique

Édito

Edito

Une majorité d’entre vous (63 %) oscille entre attentisme et pessimisme : voici une des tendances dégagées par notre sondage, publié dans ce magazine. Votre état d’esprit, s’il varie selon la santé de vos points de vente, est évidemment compréhensible même si les fondamentaux de la filière optique en France restent solides.
Il faut dire que les difficultés économiques de notre pays perdurent, au premier chef le déficit de l’État et de la Sécurité sociale. Sans compter les incertitudes liées aux tensions géopolitiques, avec une alliance transatlantique fragilisée par le positionne ment incertain du président américain Donald Trump vis-à-vis de la Chine. Mais aussi et surtout de la Russie, dont l’appétit expansionniste semble parti pour durer. Une guerre commerciale entre alliés occidentaux semble même possible, et ses conséquences éventuelles sur les économies européennes sont difficiles à anticiper.
Point positif toutefois : à l’échelle nationale, la situation politique se stabilise enfin, avec l’adoption du PLFSS 2025. Ce texte de com promis, faute de majorité au Parlement, ne s’attaque certes pas aux causes structurelles du “trou” de la Sécurité sociale… Qu’il creuse dans des proportions d’ailleurs considérables.
Mais il a au moins le mérite de donner aux professionnels de santé, et à nos compatriotes, de la visibilité pour les mois à venir. Parmi ces “éclaircissements” figure la volonté affichée de la force publique de lutter plus fortement contre la fraude. Pour répondre à une demande de longue date des Ocam : un partage plus intense des données personnelles de santé avec l’Assurance maladie. Le PLFSS 2025 assure au passage que ces transmissions d’informations seront limitées à la nature des actes et des prestations, et de façon temporaire. Des garde-fous, donc, à priori, même si les modalités seront précisées par un décret en Conseil d’Etat pris après avis de la Cnil.

Mais quelque soit la nature de ces garde fous, ce “rapprochement” entre l’Assurance maladie et les Ocam soulève certaines questions. Par exemple, quel sera le point d’entrée pour ces échanges ? Et qui “portera” la responsabilité de la sécurisation des don nées personnelles ? Dans le cas de la filière optique, une blockchain portée par toutes les parties prenantes, garante de la conformité du processus commande-livraison- facturation et de la sécurisation des données de santé, semble plus que jamais nécessaire. À l’image de celle présentée par la Fédération nationale des opticiens de France (Fnof) à l’automne dernier ou évoquée à plusieurs reprises par le Rassemblement des opticiens de France (Rof). Mais est-il, seulement, encore temps ?

Pierre Tourtois-Laurent