Octobre 2025
Mensuel pratique et interactif de l’optique
Édito

Pour vous, opticiens, comme pour l’en semble des Français, cette rentrée s’ouvre sous le signe de l’incertitude. Politique d’abord : au moment où nous bouclons ce magazine, les ministres n’étaient pas encore nommés. Économique ensuite, avec un climat des affaires assombri et une dette publique désormais au cœur des débats.
Dans ce contexte de “vaches maigres”, le prochain PLFSS devrait imposer de nouvelles économies. Le rapport Charges et produits de l’Assurance maladie, publié en juin, annonçait déjà la couleur en préconisant le passage de 2 à 3 ans pour le remboursement des équipements optiques. Pour autant, la dynamique de votre marché reste solide. Selon l’Unocam, après un record en 2023, l’optique a encore progressé en 2024, même si 2025 s’annonce plus contrasté. Avec 5,4 milliards € pris en charge sur les 8 milliards consacrés aux montures et aux verres, les Ocam confirment leur rôle central. Leur soutien, cependant, s’accompagne d’exigences accrues : encadrement des tarifs et des volumes, renforcement des réseaux de soins, coopé ration avec l’Assurance maladie obligatoire autour des données de santé. Or, sur ce terrain sensible, les pouvoirs publics semblent vouloir aller plus loin, malgré les pratiques contestées de certains Ocam (PEC refusées, complexifiées, manque de transparence) et les failles révélées par les cyberattaques de 2024 chez Viamedis et Almerys. Jusqu’où l’exécutif ira-t-il ? La réponse dépendra en partie de la Cnil, garante de la protection de vos données et de celles de vos clients.
Une chose est claire : les équilibres évoluent. Le rôle des complémentaires se redessine d’année en année vers davantage de prévention et de prévoyance, tout en conditionnant ce rôle central à une maîtrise accrue de certaines dépenses jugées excessives… Dont l’optique, souvent dépeinte comme une nécessaire “variable d’ajuste ment” budgétaire. Au point de la fragiliser, avec l’aval de l’exécutif ? Rien n’est moins sûr, les filières porteuses – de la fabrication à la distribution – n’étant plus si nombreuses dans cette France post-industrielle.
Face à ces mutations, pas question de céder au découragement. Votre rôle de professionnel de santé de proximité est essentiel. Mais il faut élargir vos leviers : renforcer vos compétences, soigner l’expérience client, développer des services au-delà de la délivrance d’équipements. Car certains fournisseurs se rapprochent directement des Ocam et des réseaux de soins quitte à donner, parfois, le sentiment de s’éloigner de leurs distributeurs historiques.
Et demain ? Les lunettes connectées annoncent déjà une révolution technologique. Elle pourrait même bouleverser le métier dans les 3 à 5 ans. Menace ? Peut-être. Mais aussi une formidable opportunité, à condition de l’anticiper pour préserver ce qui fait votre légitimité : votre expertise de la vision, votre maîtrise des produits, votre ancrage local et votre rôle au service de la santé visuelle.
De ce point de vue, le Silmo 2025, plus que jamais tourné vers la “tech”, est l’occasion idéale de vous préparer à ces grandes transformations.