Novembre 2024
Mensuel pratique et interactif de l’optique
Édito
L’examen à l’Assemblée du PLFSS 2025 révèle les limites de la conception purement comptable de notre secteur, et du système de soins dans son ensemble, qui prévaut depuis des années. D’un côté, des coups de rabot en vue pour diminuer le déficit de la Sécurité sociale dans un contexte global de réduction drastique des dépenses de l’État. De l’autre, des amendements ponctuels, parfois simplistes, qui ont peu de chances d’aboutir : gestion de l’optique par les seuls Ocam, “préférence nationale” pour les entreprises françaises au sein du panier 100 % Santé… Dans tous les cas de figure, on est loin d’une vision globale. On en reste à une approche comptable qui, pourtant, n’a su ni rendre plus efficientes les dépenses de l’AMO et des AMC, ni améliorer véritablement l’accès aux soins visuels. Les derniers chiffres du 100 % Santé en optique, fournis au printemps 2024 par un rapport de l’Igas et de l’IGF, illustrent ces impasses : la réforme n’a pas conduit à une baisse des prix dans l’optique. Et selon la direction de la Sécurité sociale, en 2023, 15,7 % des équipements complets comprennent au moins un équipement 100 % santé, contre 18,5 % en 2022. Seuls les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire ont fait le choix de cette offre, n’ayant que peu d’alternatives.
Ce dont a besoin notre secteur, c’est avant tout de visibilité autour d’un seul objectif commun, co-construit par tous ses acteurs, professionnels de santé, AMO et Ocam : la santé visuelle de tous et de chacun, partout sur le territoire. Et de ce point de vue, plusieurs évolutions internes de notre filière invitent à l’optimisme. Rompant avec des approches purement corporatistes, les syndicats d’ophtalmologistes et d’opticiens échangent, s’écoutent, confrontent leurs propositions pour bâtir une chaîne de soins basée sur la coopération entre professionnels, dans le respect des compétences de chacun. Sur le terrain, au quotidien, vous êtes de plus en plus nombreux à pratiquer cette collaboration, en tant que professionnels de la vue, et à tisser de nouveau liens interdisciplinaires. Notre secteur a besoin de visibilité autour d’un objectif commun mais aussi de transparence, pour restaurer la confiance entre tous ses acteurs. Là encore, on doit se féliciter de l’annonce par la Fédération nationale des opticiens de France (Fnof) du passage en phase pilote de sa blockchain garantissant les échanges sécurisés entre les opticiens et les Ocam. Une autre solution de blockchain est en cours, initiée par le Rassemblement des opticiens de France (Rof) avec IZySolutions (membre du consortium Neox IT, propriétaire de Vision Plurielle, éditeur de Bien Vu). Pour le bien de l’ensemble des acteurs de notre secteur, il importe qu’une solution commune à toute la filière puisse rapidement être opérationnelle