Avril 2025

Mensuel pratique et interactif de l’optique

Édito

Une petite musique qui monte…

D’après les dernières données de l’Agence nationale du développement professionnel continu, seul 1 opticien sur 5 s’est inscrit en 2024 à une formation DPC. Bien que ce chiffre soit en hausse ces dernières années, et que nombre d’entre vous se perfectionnent via leurs enseignes, centrales, ré seaux de soins ou l’Afnor, d’autres professions sont bien plus dynamiques. C’est le cas des orthoptistes, dont l’engagement en formation a bondi de 37,1 % par rapport à 2023.
Pourtant, vous êtes nombreux à vous revendiquer professionnels de santé et à incarner cette réalité au quotidien, dans vos magasins et auprès de vos clients. Vos syndicats en sont bien conscients : la Fnof défend historiquement une vision paramédicale du métier, tandis que le Rof multiplie les actions auprès du terrain, de l’exécutif et des parlementaires pour réformer la formation des opticiens.
Son président, Jean-François Porte, plaide d’ailleurs pour une licence rattachée à la faculté de médecine, intégrée à un cursus universitaire classique de type Licence-Mas ter-Doctorat. Une ambition indéniable. Une réforme réalisable ? Tout dépendra de la volonté politique, car un tel projet nécessite rait une coordination entre les ministères de la Santé, de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur. L’avenir du métier, ainsi que sa compétitivité auprès des jeunes générations, est en jeu. D’autant qu’il fera face à des mutations profondes dans les années à venir : essor de l’IA, montée en puissance des montures connectées, automatisation en ligne des prises de mesures… Autant d’évolutions que la formation actuelle des opticiens ne prend pas suffisamment en compte.

Par ailleurs, alors que les finances publiques font grise mine, une petite musique se fait entendre en ce qui concerne la fréquence de renouvellement des équipements optiques. Par la voix de l’Assurance maladie, qui af f iche clairement sa volonté de rationaliser les dépenses de santé. Par celle des Ocam qui, après avoir remis le sujet sur la table à l’automne dernier, pourraient revenir à la charge dans les mois à venir.
Et quant au Syndicat national des ophtalmologistes, son président, Vincent Dedes, déclarait récemment dans la presse régionale “qu’il n’y a aucune raison de changer de lunettes quand elles sont en bon état, même si théoriquement on en a le droit”… Une petite musique qui résonne comme un avertissement.

Pierre Tourtois-Laurent