Depuis le 11 mai, vous avez redémarré votre activité. Dans ce contexte de reprise inédit, vous nous racontez votre quotidien professionnel, les difficultés que vous rencontrez et votre mobilisation pour la relance.
Bien Vu a interrogé Stéphane Corfias, 53 ans, 5 magasins, 20 salariés, agglomération bordelaise, Arcachon.
Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Ni optimiste ni pessimiste à vrai dire. Plutôt réaliste : dans la situation actuelle, nous devons tous nous adapter et chercher à être le plus efficace possible pour retrouver une activité à peu près normale et un chiffre d’affaires suffisant. Il y a des leçons positives à tirer de la période de confinement. J’en vois 2 principales pour ma part. L’attitude de mes équipes, en premier lieu : elles ont fait preuve d’une grande motivation pour assurer un service minimum 2 matinées par semaine en vrais professionnels de santé. Nous avons trouvé le bon équilibre entre soutien en urgence aux porteurs et préservation de la santé de tous. La réaction de la profession, ensuite : nous avons manifesté notre unité et notre responsabilité pour répondre à l’urgence, sans en faire une « affaire » commerciale. Ce sont des valeurs indispensables pour nous tous. Maintenant s’ouvre une période de grande incertitude.
Comment se sont passés les premiers jours de la reprise ?
Nous avions bien préparé en amont avec tous les salariés les protocoles de sécurité sanitaire et la mise en place des rendez-vous. Sans grande surprise, nous avons accueilli pas mal de clients : nombreux étaient ceux qui attendaient notre réouverture pour venir s’équiper. On va assister les premiers temps à un phénomène de rattrapage. Dans l’idéal, cela devrait nous permettre de compenser les 2 mois de confinement. Mais de toute façon, nous avons réorganisé le fonctionnement du magasin pour lisser sur toute la journée la prise en charge des clients. L’enjeu des mois à venir est clair : atteindre un CA équivalent à celui que nous avions précédemment, en intégrant les mesures barrières et la baisse de productivité que cela implique.
Selon vous, de quoi la filière a-t-elle besoin pour réussir le redémarrage ?
Pendant la période de confinement, mis à part le dispositif de chômage partiel, pour beaucoup d’entre nous, les aides de l’Etat sont restés lettre morte. En partie, selon moi, en raison du refus réitéré jusque début avril des pouvoirs publics d’inclure les magasins d’optique dans la liste des fermetures administratives. Il est désormais important que nous puissions dans les mois à venir obtenir des mesures dérogatoires pour pallier la baisse des ordonnances et renouer avec une activité normale.
Stéphane Corfias