Où placer mes péniches ? Comment penser mon espace consacré à l’examen de vue ? A première vue, sans le conseil d’un architecte, pas facile pour un opticien de répondre à toutes les questions touchant à l’aménagement de son point de vente. Toutefois, certains professionnels font appel au système D… Moyennant quelques réserves de circonstance.
Bien Vu a interrogé Michael Conçu, Norberto Fernandes et Lionel Bitton, opticiens, respectivement, à Stiring-Wendel (57), à Clermont-Ferrand (63) et dans le Lyonnais, qui témoignent de leur expérience d’aménagement.
Lionel Bitton, propriétaire de 3 magasins dans la région lyonnaise
« Avec une société d’aménagement, on a l’assurance d’un délai respecté »
Faire appel à un maître d’œuvre réputé, c’est la garantie d’un délai raccourci et respecté. Car coordonner plusieurs corps de métier, du gros œuvre à l’électricité, de la menuiserie à l’isolation, demande de l’expérience… Et c’est pour cela que gérer soi-même les travaux peut durer 3, 4, 5 mois… Soit autant de CA perdu. Pour ma part, durant le mois de travaux, j’ai pu me concentrer sur l’activité de mes magasins existants et préparer l’ouverture de mon nouveau point de vente… Ce qui m’a permis de dégager rapidement du CA et, donc, de « compenser » l’investissement consacré à cette prestation.
Par ailleurs, un aménageur, c’est aussi l’alliance de la fonctionnalité et de l’esthétique, chose dont je me sentais incapable. Et c’est justement ici que l’architecte intervient avec sa faculté à donner une « identité » propre à chaque réalisation. Enfin, le coût de cette prestation peut être limité en optant pour un espace épuré, efficace… Ce qui me semble être un bon choix tant les porteurs attendent, désormais, de l’opticien un parcours client fluide, professionnel… Plus qu’un magasin spectaculaire ou luxueux.
Michael Conçu, La Maison du regard, Stiring-Wendel (57)
« Faire appel à un maître d’œuvre pour les travaux lourds »
Quand je me suis lancé en 2010 comme opticien indépendant, à 26 ans, je ne pouvais pas me reposer, d’un point de vue financier, sur une entreprise d’aménagement. Pour autant, mon local étant une ancienne pharmacie, quasi vide, je devais le transformer pour le rendre compatible avec mon activité. Ajout d’un escalier, conception d’un atelier « surélevé », isolation… Pour ces travaux « structurels », j’ai eu recours à un maître d’œuvre.
J’ai également fait appel à un artisan pour mes sols en parquet tandis qu’un menuisier a conçu mes péniches. Procéder ainsi s’est avéré moins coûteux que de faire appel à des entreprises d’aménagement qui, d’après mes observations, facturent 250 euros HT un fauteuil vendu dans le commerce à 90 euros !
Pour d’autres éléments, comme mon facing enfant, j’ai bricolé avec mon père, quitte à mettre les mains à la pâte certains soirs, certains dimanches ou jours fériés… Moyennant un délai de 5 mois entre la prise en main du local et son ouverture à la clientèle. Certains prestataires pouvant livrer un magasin en 2 semaines, cela semble long, mais j’ai fait de belles économies au passage. Pourtant si c’était à refaire, je repartirais d’une boutique existante pour raccourcir la durée des travaux et donc le manque de CA. Enfin, pour mes futurs projets, tout en m’inspirant de stands vus lors du Silmo, d’hôtels ou de restaurants, je ferai appel à un architecte d’intérieur et à des artisans afin d’obtenir un rendu unique, personnalisé.
Norberto Fernandes, Norberto Artisan Lunetier, Clermont-Ferrand (63)
« Le choix de la débrouillardise »
Quand j’ai souhaité ouvrir mon magasin, je n’avais pas les moyens de faire appel à une entreprise d’aménagement. J’ai donc acheté un logiciel d’architecture pour définir sa disposition, avec le désir d’avoir un espace atelier visible et pratique. Grâce à Pinterest, où l’on peut découvrir des commerces du monde entier, j’ai affiné l’identité de mon point de vente : du bois et même de la patine, comme si le lieu avait déjà « vécu ».
Cela s’est traduit par des choix forts : par exemple, j’ai conservé le comptoir de l’ancienne locataire – une fleuriste – tandis que d’autres choses ont été revues en profondeur. Comme la vitrine, neuve, mise en place par un copain carreleur, les étagères, fabriquées par un ferronnier, ou encore les meubles, conçus par un menuisier. Malgré mon manque de moyens, j’ai fait appel à des « pros » pour ces éléments techniques.
En revanche, aidé par des amis, j’ai pris en charge moi-même l’isolation, les cloisons et l’électricité, ce qui m’a permis d’économiser environ 50 000 euros. En tout, ces travaux ont duré entre 5 et 6 mois, ce que je ne regrette en rien, mais, désormais, j’ai une activité à maintenir… Et un peu plus de moyens. Voilà pourquoi je me reposerai davantage sur des professionnels pour mon futur showroom. Une designeuse, une de mes clientes, en a conçu les plans tandis que des artisans s’occuperont de la menuiserie, de la ferronnerie… Mais je ferai tout de même des économies en préparant le chantier avec des copains, le soir venu !
Lionel Bitton,
propriétaire de 3 magasins
dans la région lyonnaise
Michael Conçu,
La Maison du regard,
Stiring-Wendel (57)
Norberto Fernandes,
Norberto Artisan Lunetier,
Clermont-Ferrand (63)