Bien Vu a interrogé 2 de vos confrères,Julien Gassian, opticien indépendant à Mios (33), présent depuis juillet 2021 sur Doctolib, et Jérôme Tondeur, opticien indépendant à Villefranche-sur-Saône (69), dont le mot d’ordre est prudence..
Julien Gassian, Atout Point de vue, Mios (33)
« Plus de visibilité et une reconnaissance de l’opticien, professionnel de santé »
« Dès le premier confinement, j’ai tout de suite mis en place un système de rendez-vous. J’ai d’ailleurs demandé à Doctolib d’inclure les opticiens sur leur plateforme, incontournable dans le domaine médical. Le fait que nous puissions y accéder depuis quelques mois, c’est donc pour moi une reconnaissance de notre statut de professionnel de santé. Et nos clients l’interprètent majoritairement comme un gage de qualité de notre activité en magasin.
Cela nous donne de plus une forte visibilité qui draine de nouveaux clients. Je ne suis inscrit que depuis 4 mois : il est trop tôt pour quantifier ce flux additionnel, mais déjà 10% des rendez-vous en première intention proviennent de Doctolib. Autre avantage : la facilité dans la prise de rendez-vous et le suivi avec envoi de sms par la plateforme. Et il suffit de 2 nouveaux clients par mois pour rentabiliser l’investissement (219 €/mois).
Petits bémols : les relations « commerciales » parfois compliquées avec les interlocuteurs de la plateforme. J’ai pu en faire l’expérience lorsque j’ai souhaité passer d’un abonnement mensuel à un abonnement annuel. »
« Un système qui peut tourner au piège, si on n’est pas vigilant »
« On voit apparaître effectivement de nouveaux acteurs qui proposent, pour le moment, ce type de services. Mais les opticiens pratiquent déjà depuis un an et demi ce système de RV avec leurs clients. Et pour un coût souvent bien moins cher que celui de ces intermédiaires et avec des systèmes interfaçables qui fonctionnent très bien.
Alors quels sont réellement les avantages de ces nouvelles « intermédiations » ? La prise de RV apporte un flux client supplémentaire, optimise l’organisation du magasin, c’est vrai. Mais dans le cas de ces systèmes Doctolib et autres, on a vite fait de passer du référencement en tant que professionnels de santé à la recommandation. Or quels seront les critères et qui va les définir ? Attention donc à ne pas adhérer sans mûre réflexion et à ne pas tomber dans un piège. Chacun doit être conscient des tenants et des aboutissants quand il fait le choix d’adhérer. D’autant que ces entreprises privées ont un panel d’autres services qu’ils veulent déployer (téléconsultation, logiciel de gestion, etc.). Encore une fois, l’enjeu est celui du pilotage de la relation patient/client.
Autre point de vigilance à avoir : le respect des données de santé et la transmission des data à des entreprises privées extérieures au secteur. L’opticien doit rester maître de son fichier client. Or, dans ces mises en relation via des plateformes de prise de RV, ce n’est pas le cas. Avant de sauter le pas, il convient donc d’encadrer rigoureusement ces nouveaux systèmes. Pourquoi pas, en réfléchissant avec eux, sur le meilleur encadrement et les bons services à apporter à l’opticien comme au client.
Julien Gassian,
opticien indépendant,
Atout Point de vue, Mios (33)
Jérôme Tondeur,
opticien indépendant,
Optique Tondeur,
Villefranche-sur-Saône (69)
Maiia, de la prise de RV à la téléconsultation
L’arrivée de nouveaux intermédiaires entre opticiens et clients pourrait changer la donne pour la distribution. D’autant qu’ils ont à cœur d’agréger la mise en relation de tous les professionnels de santé et déploient dans la foulée toute une série de services pour « simplifier » la gestion des flux clients. Dernier arrivé : Maiia, une filiale de Cegedim, par ailleurs plateforme de TP en optique (1/3 des PEC) et qui bénéficie d’un partenariat avec l’AOF (Association des optométristes de France). Avantages d’y adhérer pour les opticiens, selon Thomas Blanc, responsable grands comptes Cegedim Santé : « En trouvant leur opticien sur la même plateforme que leur ophtalmologiste ou leur orthoptiste, les clients sont rassurés. Pour l’opticien, c’est aussi un gain de temps, apport de nouveaux clients et augmentation du panier moyen. Avec une offre par magasin (et non par opticien) de 129 € TTC et un engagement de 12 mois. Les data sont la propriété de l’opticien et transitent sur notre serveur Cegedim certifié HDS. » Maiia entend également anticiper les évolutions du marché en proposant dans les mois à venir 2 systèmes de téléconsultation (assistée et en autonomie) en magasin.