La grande majorité des acteurs de l’équipement de la personne, dont l’optique, en ont conscience : leur production industrielle représente un coût énergétique et environnemental qu’il faudra modérer. Mais les efforts mis en place, en faveur de produits plus écoresponsables et d’une amorce d’économie circulaire, se heurtent à une réalité de marché qui évolue peu.
Pourquoi limiter l’impact environnemental ? Pour respecter l’accord de Paris de 2015, dont l’objectif est de contenir l’élévation de la température moyenne de la planète au-dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels… Mais aussi pour accompagner une dynamique mondiale, au cœur de laquelle les porteurs et les clients – en particulier chez les jeunes générations – se muent de plus en plus en « consomm’acteurs », soucieux du coût environnemental et social de leurs achats. Toutefois, aussi sincère soit elle, cette prise de conscience de la plupart des acteurs tous secteurs confondus et la limitation de l’impact écologique de la production ne remettent pas (encore ?) en cause les modèles actuels…
L’optique amorce son tournant « écoresponsable »
Il y a pourtant urgence… En optique, l’écoresponsabilité s’installe petit à petit, avec des actes prometteurs, notables lors du Silmo 2021 : bio-acétate, recours à des matières biodégradables et plus ou moins bio-sourcées, neutralité plastique, ébauche de filière de recyclage… Des efforts louables mais qui restent insuffisants, tant la recyclabilité des produits en vente, vendus et hors d’usage, reste, pour l’heure, limitée.
Vanter les mérites de l’économie circulaire et promouvoir les matières écoresponsables suffira-t-il ? Si l’on regarde la faible part de ce qui est recyclé par rapport à ce qui est vendu, dans le secteur de la mode par exemple, ce n’est pas l’économie circulaire qui va résoudre le problème. C’est en tout cas l’analyse d’Elisabeth Laville, fondatrice du cabinet de conseil Utopies, dans un article du Monde : « Il faut changer le paradigme, la façon de produire. » Cette spécialiste de la transition des entreprises vers le développement durable défend en creux un modèle alternatif et frugal, basé sur une production limitée, « relocalisée », recourant à des ressources renouvelables et moins énergivores. Si l’optique, équipement de santé, échappe bien évidemment à cette logique, elle gagnerait néanmoins à anticiper les attentes des consommateurs de demain… D’autant que les coûts des matières premières et du transport ne cessent d’augmenter.
La question du coût reste centrale
Evidemment, cela implique des coûts de fabrication, de production et de vente plus élevés… Et donc une approche marketing très segmentante. Un modèle transposable à toute une population ? Probablement pas, du moins pour le moment, tant le coût et le reste à charge restent un critère majeur pour les consommateurs, dont vos clients.
Ainsi, selon le baromètre 2020 « Les Français et l’optique » publié par Galileo Business Consulting, 33% des porteurs ont choisi leur opticien en raison de ses facilités administratives (tiers payant, etc.) et de ses solutions de financement, tandis que 26% ont fait du prix de vente, à produit égal, leur critère de choix… Et une fois dans le magasin, le prix des montures reste sensible, même si l’esthétique et le confort de port priment. Face aux enjeux du « verdissement », une réalité de marché que vous, opticiens, vivez au quotidien.