Le 1er mars dernier, la Mutualité Française a convié les candidats à l’élection présidentielle lors d’un « Grand Oral ». 4 d’entre eux seulement ont répondu présents et ont exposé leur vision de l’avenir du système de santé et de protection sociale. Leurs propositions s’appuient toutes sur un même constat : difficulté d’accès aux soins et déserts médicaux, rupture nécessaire avec la logique « comptable » actuelle, prise en compte des besoins de santé locaux et participation de tous les professionnels de santé à l’offre de soins…
Après 2 années de crise sanitaire et d’incertitudes, la santé et la dépendance figurent parmi les principales sources de préoccupations pour plus de 2 Français sur 3. 43% considèrent que le système de santé fonctionne mal et 66% estiment que les candidats à la présidentielle ne parlent pas assez de santé.
Yannick Jadot : Faciliter l’accès aux soins en partant des besoins, prévention et culture mutualiste*
- Remettre l’hôpital au cœur du système.
- Partir des besoins dans chaque bassin de population pour faciliter l’accès aux soins.
- Pour lutter contre les déserts médicaux, doubler le nombre de médecins en formation. Obligation pour les jeunes médecins en dernière année de formation et les 2 premières années d’exercice de s’installer dans les zones sous-dotées (évaluées en fonction des besoins spécifiques de chaque bassin de population). Conventionnement « sélectif » en zones sous-dotées et installation obligatoire si nécessaire dans un second temps.
- Protection sociale démocratisée et reconstruction des complémentaires santé autour de la prévention : les mutuelles (contrairement aux assureurs santé privés) ont toute légitimité sur cette question et sur celle de l’autonomie, compte tenu de leur ancrage dans les territoires et de leur culture mutualiste.
Yannick Jadot
(EELV)
Anne Hidalgo : Pas de « Grande Sécu » et démocratie en santé avec les mutuelles
- Partir des besoins de santé de la population (et non de l’Ondam, objectif national de dépenses de l’AMO) en s’appuyant sur les territoires pour définir le financement. Sortir de la logique ultralibérale des coûts et de la vision de l’hôpital comme une « entreprise ».
- Pas de « Grande Sécu », qui entraînerait au pire une bureaucratisation, au mieux une technocratisation des questions de santé. Comme Yannick Jadot, Anne Hidalgo compte s’appuyer sur les mutuelles (distinguées dans leur finalité des assureurs santé privés) pour « rétablir la démocratie en santé ».
- Former 15 000 médecins par an. Dès 2022, 4e année d’internat utilisée pour se professionnaliser dans les zones sous-dotées avec rémunération (3 500 €/mois) et accompagnement.
Anne Hidalgo
(PS)
Fabien Roussel : Tous les soins pris en charge par une Sécurité sociale rénovée avec les mutuelles… et sans les assureurs privés
- Rompre avec la logique de désengagement de la Sécurité sociale au profit des Ocam (à laquelle participe la réforme 100 % Santé, selon le candidat). Reconstruire une Sécurité sociale du XXIe siècle avec les mutuelles (sans les assureurs santé) et une prise en charge de l’ensemble des soins, y compris les « soins courants ».
- Financement : par les cotisations sur le travail et le capital au même niveau et des contributions patronales modulées en fonction des stratégies d’embauche et de formation des entreprises.
- Obligation d’installation des nouveaux médecins dans les déserts médicaux avec accompagnement (mise à disposition les 3 premières années d’un local dans un hôpital public, horaires modulables…) et politique des territoires concernés pour être plus attractifs.
- Suppression des dépassements d’honoraires.
Fabien Roussel
(PCF)
Valérie Pécresse : Gestion décentralisée et plus de compétences à tous les professionnels de santé
- Pour lutter contre les déserts médicaux, partir de la demande des territoires dans une logique de décentralisation au niveau du département.
- Donner davantage de responsabilités et de compétences à tous les professionnels de santé (infirmiers, sages-femmes, pharmaciens cités…). Objectif avec ces 2 premières mesures : diviser par 2, d’ici la fin du quinquennat, les délais d’attente pour un RV médical.
- Une année supplémentaire d’internat pour les médecins généralistes avec stage dans des zones sous-dotées. Facultative de 2022 à 2025, obligatoire ensuite. Ce qui permettra de créer 4 000 « docteurs juniors de médecine générale » d’ici 2025.
- Recrutement de 25 000 soignants à l’hôpital. Evaluation par les patients des établissements hospitaliers (qualité de services). Revalorisation de la consultation généraliste à 30 €.
- Développement de l’e-santé. Déploiement de cabines de télémédecine dans les environnements médicaux : pharmacies, mais aussi, pourquoi pas, dans des structures commerciales (Monoprix cité) si la proximité de professionnels de santé est garantie.
* La santé environnementale est évidemment un élément central des propositions de Yannick Jadot que nous n’avons abordé dans cet article.
Valérie Pécresse
(LR)