Plus de 7 jeunes diplômés BTS-OL sur 10 font le choix de poursuivre leurs études avant de se lancer sur le marché du travail. Pourtant, les opticiens continuent d’embaucher majoritairement au niveau BTS-OL. C’est une des raisons majeures qui explique les difficultés structurelles de recrutement en magasin depuis plusieurs années. Mais elle n’est pas la seule. Explications avec les résultats de nos enquêtes auprès des candidats et des employeurs*.
Beaucoup d’offres d’emploi niveau BTS-OL et peu de demandes
Lors de votre dernier recrutement, quel type de diplômé(e) avez-vous embauché ?
Source Bien Vu – Crédit Bien Vu
La majorité des embauches continue de se faire au niveau BTS-OL. Un peu moins d’un quart concerne des diplômés bac+3 ou bac+5. Or, sur chaque promotion depuis 4 ans, entre 70 et 80% des jeunes diplômés optent pour la poursuite d’études post-BTS. Parmi les diplômés 2020 (2 003 reçus), seuls 22,7% sont immédiatement entrés sur le marché du travail en magasin à temps plein. Ils ne rencontrent d’ailleurs aucune difficulté pour trouver un employeur dès leur sortie d’école. Certes, 66,7% des diplômés ont poursuivi leur cursus en alternance. Il n’en reste pas moins que le nombre d’offres d’emploi se révèle plus important que les demandes. Ce qui se traduit par le maintien d’une forte tension sur les embauches.
La réfraction, cœur du métier pour les jeunes diplômés
Vous êtes jeune diplômé, quel aspect du métier préférez-vous ?
Source Bien Vu – Crédit Bien Vu
La tendance se confirme d’année en année : les jeunes diplômés (40%) sont très attachés à la pratique de la réfraction et de l’examen de vue. C’est pour eux le cœur de leur métier, raison pour laquelle ils souhaitent consolider leurs compétences en la matière, en plébiscitant en particulier les licences pro, avant de se lancer sur le marché du travail. A l’inverse, la dimension « commerciale » passe au second plan tout comme la technique. Et on constate un recul net de l’intérêt pour l’aspect entrepreneurial du métier (direction de point de vente et management).
On observe également que, si l’optique demeure un secteur attractif, exercer le métier d’opticien chez des fabricants ou dans un autre pays (principalement des pays « optométristes » comme le Royaume-Uni, le Canada ou l’Espagne) attire plus d’un tiers des jeunes diplômés. Point négatif, près de 12% pensent changer de secteur dans les années à venir.
Un décalage, reflet des mutations en cours du métier
Ces aspirations dominantes sont-elles prises en compte par les employeurs ? Pas vraiment : quand on les interroge sur les manques du BTS-OL actuel, peu de propriétaires ou managers de magasin pointe les insuffisances en réfraction et examen de vue (15,5%). Ils sont, en revanche, près de 4 sur 10 à déplorer un faible apprentissage en matière de vente et de relation client.
La tension sur le marché du travail reflète, au bout du compte, les mutations en cours du secteur et l’ambivalence entre opticien de santé et commerçant de proximité. Les jeunes diplômés anticipent de fait une formation bac+3. Et intègrent la dimension santé fondamentale du métier. Tous les acteurs du secteur, syndicats, écoles, enseignes et opticiens indépendants la revendiquent depuis plusieurs années. Mais, pour le moment, la réalité en magasin reste dominée par la vente et le relationnel client.
Nul doute que cette difficulté structurelle va trouver sa résolution dans un sens ou un autre. Tout dépend du devenir des préconisations du rapport Igas qui vont dans le sens de nouvelles délégations de tâches. Et des avancées de la réingéniérie de la profession et de la réforme de la formation. Pour cette dernière, Il faudra, hélas, encore patienter au moins jusqu’en 2022, pandémie de Covid-19 oblige.
* Adressée par Internet 6 mois après l’obtention du BTS-OL, l’enquête Bien Vu sur le parcours des diplômés de 2020 comporte une trentaine de questions et dresse le panorama des attentes et du devenir des titulaires du diplôme. Plus de 150 diplômés ont répondu à cette enquête. Nous avons également interrogé les employeurs sur leur pratique de recrutement, leur perception du cursus BTS-OL actuel et leurs attentes au moment de l’embauche. Près de 150 opticiens ont répondu à nos questions.