Le lien avec vos clients passe désormais aussi par le digital, réseaux sociaux et site, premières vitrines de vos magasins. Voici une raison supplémentaire d’accorder un soin particulier aux photos et aux vidéos que vous postez.
Bien Vu a interviewé Alexandra Vogel, formatrice et responsable contenus éditoriaux & réseaux sociaux au sein du Groupe All.
Alexandra, mettre en place une stratégie de contenus – en particulier photos et vidéos – est-ce indispensable pour les opticiens ?
Il faut avoir conscience que la relation entre marques et individus se fragilise. En étant sursollicités, notamment via les canaux digitaux, les publics deviennent exigeants et infidèles. Ainsi, la durée d’attention est estimée à 7 secondes et elle pourrait même descendre à 5 secondes d’ici 2050. Afin de capter cette attention, mais aussi pour la conserver, il faut donc être créatif et les marques en ont conscience : elles se livrent une intense course à l’attention.
« Pour capter l’attention fragile des clients, exigeants et souvent infidèles, il faut être créatif »
Pour leur part, si les opticiens restent assez conservateurs en matière de présence digitale, avec des photos « posées » ou « produits », ils ont tout intérêt à se positionner sur ce créneau pour contrer les nouveaux entrants, plus jeunes, plus connectés et plus aptes à attirer les porteurs et futurs porteurs « digital natives ».
« Pour contrer les nouveaux entrants sur le marché, ne pas négliger une stratégie digitale maîtrisée et authentique »
Cela passe par une stratégie iconographique bien pensée, à la fois maîtrisée et authentique, adaptée à chaque réseau social : Facebook (idéal pour un ton chaleureux, intime), Google My Business (plus corporate), Instagram (parfait pour mettre en valeur les montures et des stories « prises sur le vif ») ou encore TikTok, ne ciblent pas les mêmes publics.
Justement, certains opticiens tentent désormais de se démarquer, en proposant des photos décalées, en mettant en scène leurs clients ou leur expertise… Y compris par le biais de photos peu « corporate », prises sur le vif…
Et j’encourage tous les opticiens à poursuivre dans cette direction ! Car en mettant en scène ses clients – avec leur accord écrit, qui me semble nécessaire -, le point de vente bénéficie de leur recommandation. Plus largement, ces photos doivent s’inscrire dans une stratégie réfléchie. En amont, le magasin peut se doter – via un prestataire ou un membre de l’équipe formé – d’un stock de contenus qu’il pourra diffuser progressivement via un planning mensuel. Ensuite, au quotidien, on peut produire du contenu pris sur le vif – face caméra, petite interview d’un client, d’un salarié du magasin – et le diffuser sur les réseaux sociaux, sans filtre via des « stories ».
« Photos des clients prises sur le vif, « stories » avec les équipes, explications des différentes expertises du magasin : tout concourt à valoriser une profession qui demeure méconnue du grand public »
Cette double approche, à la fois maîtrisée et spontanée, donne une visibilité à la profession qui reste méconnue du grand public : beaucoup ignorent que les opticiens sont capables d’adapter des ordonnances ou de tailler les verres ! D’autres expertises peuvent être expliquées au grand public via des photos ou des vidéos très simples : la contactologie, la prévention de la DMLA, la prise en charge des jeunes enfants ou des personnes dépendantes… Bref, avec des moyens limités – un smartphone suffit -, de la passion et un peu d’anticipation, l’opticien peut se mettre en valeur efficacement. L’essentiel, c’est que les photos et les posts restent fidèles à son image de marque, à son positionnement marketing.
Mais au quotidien, face aux urgences, faire de belles photos et les publier peut sembler secondaire pour un opticien…
Bien sûr ! mais avec une bonne organisation, tout reste possible. On peut également choisir d’investir un seul réseau social, Facebook me semblant par ailleurs indispensable. Si un stock est constitué en amont, que ce soit en interne ou via un prestataire, 15 mn par jour suffisent pour gérer la prise et la publication de photos / vidéos. Et dans le cas de points de vente vraiment débordés par le flux, dégager un créneau de 2 heures suffit largement pour faire les clichés, tenir un petit planning éditorial et même programmer les posts de la semaine. Et puis, certaines banques d’images gratuites – Unsplash, Pexels, Coverr, Stockadobe, Flickr CC – permettent parfois de trouver son bonheur, par exemple dans le cadre d’un petit montage pour un jeu concours ou un post humoristique.
« Dégager 15 mn quotidiennes ou un créneau hebdomadaire de 2h suffit pour une bonne stratégie digitale en magasin. Et confier cette mission à une seule personne de l’équipe »
Par ailleurs, je conseille aux opticiens de réserver cette mission à une personne, qu’il s’agisse d’un salarié habile avec les photos ou les réseaux sociaux, d’un stagiaire ou d’un alternant. Si plusieurs personnes sont en charge de ce dossier, c’est la cacophonie assurée et il faudra procéder à des arbitrages… qui sont chronophages. Enfin, le point de vente peut inciter les clients, notamment les plus jeunes, à « tagger » le magasin sur leurs photos ou leurs posts. C’est une manière de s’associer à du contenu sans avoir à le produire.
Alexandra Vogel,
formatrice et responsable contenus éditoriaux & réseaux sociaux au sein du Groupe All