Jeudi 6 juillet, à l’issue d’une réunion au CIO (Conseil interprofessionnel de l’optique), les 3 syndicats d’opticiens (Synom, Rof et Fnof) ont fait part de leurs remontées terrain suite aux émeutes en France de la fin juin-début juillet. Un premier décompte des magasins dégradés a été fait, même si tous les opticiens touchés ne se sont pas encore déclarés. Afin de rendre effective et rapide l’obtention des aides, la filière se rassemble pour faire part de ses attentes et inquiétudes auprès des pouvoirs publics.
Combien d’entre vous sont-ils concernés ?
200. Ce serait le nombre de points de vente qui ont subi des dégradations (dont, pour le moment, une dizaine d’opticiens indépendants répertoriés), soit environ 1,5% du parc opticiens. Le décompte exact régions par régions communiqué par le Rof (Rassemblement des opticiens de France) fait état de 118 magasins dont le tiers se situe en région parisienne. Les dégâts subis l’ont été dans des proportions variables, mais la majorité d’entre eux devront rester fermés quelques semaines, voire pendant tout l’été, et certains ne pourront pas ouvrir avant de longs mois… D’autant que les artisans et autres acteurs de l’aménagement de point de vente ne sont pas forcément disponibles en cette période de vacances. Des fermetures dont l’impact économique pèsera très lourd sur leur activité : perte d’exploitation et coût des travaux (de 1 500 à 2 000 €/m2).
En tout, au 7 juillet et selon les données du Rof, 118 magasins d’optique ont été victimes des émeutes, dont 107 sous enseigne et 11 indépendants. 32 n’ont pas communiqué leur région d’implantation. La plupart des points de vente vandalisés se situent en Ile-de-France (33% des opticiens touchés) et en Auvergne-Rhône-Alpes (20% des opticiens touchés).
Quelles sont les mesures prises par les pouvoirs publics ?
Pour soutenir les commerces concernés, le gouvernement a présenté, dès le 1er juillet, une série de mesures :
- Délais de paiement pour les échéances passées de charges sociales et fiscales, ainsi qu’un report pour l’échéance à venir
- Possibilité pour les commerçants en grande difficulté de bénéficier, au cas par cas, d’une annulation de charges sociales et fiscales
- Demande possible de modulation à la baisse de son taux d’impôt sur le revenu
- Report de la date de fin des soldes du 25 juillet au 1er août pour les départements métropolitains
Par ailleurs, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a évoqué d’autres dispositifs en faveur des commerçants touchés : “dans chaque département, un interlocuteur sera mis en place pour accompagner les commerces et le chômage partiel sera possible pour ceux dont l’activité est directement grevée par les destructions”, avec des “démarches simplifiées” et des délais de déclarations de sinistres (courrier postal, email, téléphone, sms) allongées de 5 à 30 jours. En vue des dépôts de plaintes, à noter que le site pre-plainte-en-ligne.gouv.fr permet d’effectuer une déclaration des faits d’atteinte aux biens (vols, dégradations…) pour lesquels l’identité de l’auteur est inconnue.
En visite vendredi dernier à Marseille pour soutenir les commerçants victimes des émeutes, Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie, a assuré Jean-François Porte (à gauche sur la photo), vice-président du Rof, de sa détermination pour que les assureurs accompagnent les opticiens concernés sans délais. Il a annoncé le déblocage de fonds dans la région de Marseille dès ce lundi. Et demandé que les organisations régionales, CCI, soutiennent les commerçants vandalisés avant que l’Etat ne prenne le relais.
La filière mobilisée
Un courrier commun à tous les représentants de la filière est envoyé ce lundi au ministre de l’Economie pour que les pouvoirs publics mettent en place un certain nombre de mesures. Et, en premier lieu, fassent pression pour réduire les délais d’expertises et d’indemnisations. « Notre inquiétude demeure quant à la longueur des procédures des assureurs », souligne Hugues Verdier-Davioud, président de la Fnof (Fédération nationale des opticiens de France). « Il ne faudrait pas que les annonces faites la semaine dernière se limitent à des effets de manche. » Devant Bruno le Maire, le ministre de l’Economie, en visite à Marseille vendredi dernier auprès des commerçants vandalisés, Jean-François Porte, fondateur d’Edgard Opticiens et vice-président du Rof, a tenu à rappeler que les opticiens sont « des professionnels de santé […], mobilisés pendant la pandémie de Covid-19, qui ont assuré [leur] mission d’intérêt général au service de la population. Mais aujourd’hui c’est l’accès aux soins visuels qui a été gravement touché par ces violences. » Il a demandé un soutien prioritaire pour assurer la continuité de ses missions de santé publique et souhaite obtenir dans les meilleurs délais des réponses sur :
- Une visibilité sur une date de réouverture
- Un accompagnement des assureurs (franchise, simplification des process)
- Le rôle des Conseillers départementaux de sortie de crise (CDSC) : comment les solliciter rapidement et simplement ? Comment articuler les aides des CCI avec les CDSC ?
- La mise en œuvre de l’aide de l’Etat, annoncée par le ministère de l’Economie, concernant les charges fiscales et sociales des magasins touchés
- L’aide que l’Etat peut apporter aux opticiens qui ne sont pas assurés contre la perte d’exploitation (facultative). Certains d’entre eux vont subir une perte sèche pendant des mois
- Un accompagnement pour redynamiser les centres villes impactés.
Jean-François Porte a également relayé dès vendredi dernier auprès du ministre la demande commune de la filière (fournisseurs et industriels, syndicats de la distribution, Casopi, Fnof, Rof, Synom) d’une « dérogation exceptionnelle aux délais de paiement les portant de 60 à 90 jours ». De quoi faciliter la reprise d’activité pour les opticiens les plus durement touchés.