Chaque semaine, Bien Vu vous donne la parole. Assurant le service minimum ou ayant baissé complètement le rideau de vos magasins, vous nous racontez votre quotidien professionnel, vos difficultés.
Rencontre avec Olivier Hesteau, 45 ans, 19 magasins Krys et Lynx, Grand Ouest
Dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Cette crise est avant tout sanitaire et humaine, rappelons-le. Ce qui m’importe le plus depuis 4 semaines, ce sont mes collaborateurs (220 personnes, ndlr). Je les appelle régulièrement, passe du temps avec eux pour savoir comment ils vont, comment ils vivent le confinement, quelle sont leurs difficultés. Notre petit groupe repose sur des valeurs d’entraide et grâce à celles-ci nous allons pouvoir redémarrer.
« Gérer l’urgence a été compliqué. Je mesure les difficultés qu’affrontent les opticiens qui sont seuls »
Nous avons vécu au début un moment difficile, il fallait gérer l’urgence. Obtenir les aides, mettre en place l’activité partielle, les reports de charges… tout a été compliqué, les règles et conditions d’éligibilité changeant sans arrêt. Ayant des bailleurs très différents pour chaque magasin (institutionnels, privés, centres commerciaux), la question des loyers est d’une gestion complexe. Pourtant, je peux m’appuyer sur ma RH et mon expert-comptable et ces problématiques sont en passe d’être résolues. Mais je mesure les difficultés qu’affrontent mes collègues qui sont seuls. Et dans tous les cas de figure, les trésoreries sont durement entamées.
Comment préparez-vous le redémarrage de votre activité ?
Depuis le 6 avril, nos 2 ateliers centralisés ont repris. Dans les conditions de sécurité sanitaire impératives bien sûr. Ils montent les équipements vendus et non livrés avant le confinement et ceux pour le personnel soignant et les très fortes corrections. Progressivement, nous allons redémarrer notre activité, pour nos clients uniquement et selon des modalités de service minimum.
« Priorité actuelle : mettre en place les protocoles de sécurité pour un redémarrage progressif »
Nous préparons la reprise par étapes. Pour le moment, nous nous concentrons sur la mise en place de protocoles de sécurité au sein des magasins. J’active mon réseau d’entrepreneurs de la région Ouest pour collecter le matériel nécessaire (gel, masques, etc.). Les collaborateurs et leur famille y contribuent aussi, certains confectionnent eux-mêmes des masques. Nous organisons également une distribution dans tous nos magasins. Pour le reste, il faut attendre encore une ou 2 semaines, tout dépendra de la date et des modalités de la fin du confinement.
Que changera cette crise pour vous ?
De nouvelles attentes des clients verront le jour auxquelles il faudra s’adapter, comme la livraison à domicile, c’est certain. Mais je suis convaincu que l’important demeurera le lien, la proximité, la complicité même entre nous et nos clients. Par ailleurs, la crise rend encore plus aigu un questionnement sur la finalité de notre métier : quel sens donner à notre travail ?