Et si l’on assistait à un exode… urbain ? C’est tout du moins un désir d’une partie de la population française, constate l’Observatoire société et consommation (Obsoco) dans sa dernière étude*… Mais les départements ruraux et vieillissants pourraient rester à l’écart de ces mouvements de population… Et des meilleures perspectives commerciales.
« Les Français aspirent profondément à quitter les grandes villes »
« Le Covid-19 a accéléré un phénomène constaté depuis le début des années 2010 : il y a une aspiration nationale à quitter les grandes villes, et pas seulement à Paris et en Ile-de-France où le recours au télétravail facilite les déménagements plus lointains », explique Boris Descarrega, directeur associé de l’Obsoco. Les candidats à la mobilité quittent majoritairement leur lieu de résidence pour une commune plus petite. Et cela s’applique aux Franciliens, aux métropolitains en général, mais aussi aux habitants de communes de taille régionale ou de petites villes (entre 3 et 20 000 habitants).
« Toutefois, l’implantation des entreprises, des emplois et des commerces freine cet exode urbain faute d’une politique publique de démétropolisation, constate Boris Descarrega. Les flux restent donc modérés, même s’ils sont plus prégnants en Ile-de-France, où la population parisienne baisse au profit des départements voisins ou de l’Ouest de la France. »
« Les territoires vieillissants et ruraux ? Pas propices aux investissements de longue durée »
Prudence vis-à-vis des territoires ruraux
Pas de changements majeurs à l’échelle nationale, donc, mais la confirmation de tendances de fond comme la densification des périphéries des grandes villes, la croissance en population dans le Sud et l’Ouest du pays, ainsi que la désertion des départements peu denses. Ce qui amène Boris Descarrega à penser que l’implantation de commerces, notamment d’optique, nécessite une prudence accrue dans les territoires ruraux et vieillissants : « éloignés des métropoles, peu dotés en prescripteurs, et avec une natalité plus faible, ils ne sont pas propices à des investissements de longue durée ».
Un avis partagé par la Fédération pour la promotion du commerce spécialisé (Procos), dans une note publiée en février 2023. Laquelle évoque, justement, le risque de décrochage durable des territoires éloignés des métropoles, moins ciblés par les investissements des acteurs privés.
« Sans volonté politique réelle, les seuls territoires qui intéresseront les acteurs privés seront les métropoles et les grandes villes »
Car avec l’objectif national du Zéro artificialisation net, qui va limiter drastiquement les zones naturelles constructibles, les « biens immobiliers existants se renchériront », et donc les loyers pratiqués, analyse Procos. Qui poursuit sa projection : « si volonté politique réelle il y a de transformer d’un point de vue environnemental ces zones commerciales, des fonds publics devront compléter les fonds privés. Car, à défaut, les seuls territoires qui intéresseront les acteurs privés seront les métropoles et les grandes villes, plus quelques territoires tendus dans l’Ouest de la France. Tout le reste […] sera oublié. »
Une projection à long terme, certes. Mais dont certains fondements, actuels – recul de la voiture dans les grandes villes, développement du télétravail, migration dans les périphéries urbaines – ou à venir – zones de faibles émissions (ZFE) dans 43 agglomérations d’ici 2023 puis 2024 – pèsent ou pourraient peser sur les flux en magasin… Comme certains d’entre vous ont déjà pu le constater. À suivre, donc. Renseignez-vous bien sur la pérennité du flux de la zone que vous ciblez.
*L’Observatoire des Usages et des Représentations des Territoires, Edition n°3 – Qualité de vie et transition écologique – septembre 2021